Sydney et le passeport déchiré

Nous avons passé une bonne partie de l’après-midi dans l’aéroport de Jakarta, après notre vol intérieur en provenance de Yogjakarta. A Jakarta, impossible de s’enregistrer plus tôt, nous devons donc passer le temps dans un restaurant jusqu’en fin de journée. Mais même une fois la douane passée, très peu de places assises, même près des portes d’embarquement. Les 6h30 de transport s’écoulent rapidement lors de notre vol de nuit Jakarta Sydney. Nous sommes épuisés car nous avons très peu dormi, entre le diner et le petit déjeuner.

C’est donc dans un demi-sommeil que nous arrivons aux douanes australiennes, et la situation s’éternise. Elodie est priée de suivre un agent de l’immigration pour une vérification de son passeport. Durant le voyage, la couverture, qui commençait à se découdre, s’est définitivement détachée des feuillets du passeport. A Bangkok, à l’ambassade de Birmanie, l’agent des visas avait un peu grimacé mais placé un élastique pour maintenir le tout. Elodie pensait l’affaire réglée, mais ici, en Australie, ils ne rigolent pas avec les passeports ! Une bonne demi-heure plus tard, on lui dit qu’on la laisse entrer mais qu’il faudra refaire le passeport de retour en France. « Mais monsieur l’agent, je ne rentre pas tout de suite !!! J’ai encore plein de pays à voir !». 5 semaines en Australie, on lui dit qu’elle devrait avoir le temps de le faire refaire au consulat.

Il faut ensuite passer les examens de quarantaine : dans l’avion, nous avons rempli une fiche pour noter tout ce qui pourrait être susceptible d’amener en Australie des éléments pouvant perturber leur écosystème : nourriture, graines, artisanat, chaussures de randonnées sales, équipement de plongée mal lavé…  Arrivant d’un vol d’Indonésie, on est vite repérés, et avec nos vêtements de baroudeurs et nos housses de sacs horriblement sales, un agent vient demander à François si ses chaussures de randonnées sont propres. Nous sommes placés dans une file, et il y a de nombreuses inspections en cours, les agents de contrôle sanitaire ouvrent les sacs, vérifient tous les achats notamment d’artisanat, il y a de grandes bennes à ordures. Après une longue attente, malgré avoir mentionné notre boite en laque birmane, nous passons assez miraculeusement au travers du contrôle !

Enfin, nous y sommes ! Nous rejoignons la ville en train (quoi, 31 dollars ?!!). Après 6 mois en Asie, il faut se réadapter au coût de la vie des pays occidentaux.

Nous posons les sacs au backpacker et partons à pied découvrir la ville. Nous longeons les quais du port jusqu’à l’immense Harbour bridge, puis contournons le célèbre opéra. Le soleil est en rendez-vous, nous n’avions pas prévu la crème solaire et le chapeau, coup de soleil sur le nez assuré pour Elodie !

Il y a un immense bateau de croisière à Circular Quay, prêt à embarquer de nombreux passagers. La baie est remplie de bateaux – c’est le week-end, les australiens naviguent– et nous rentrons en fin d’après-midi en traversant le jardin botanique, avec notamment ses immenses chauves-souris !

Après avoir largement profité des chambres doubles en Asie, nous découvrons « les joies » de la vie en communauté au backpacker Jackaroo à Kings Cross. Nous commençons néanmoins en douceur, avec une chambre partagée de 4 lits superposés seulement ! Mais nous sommes plutôt contents, c’est propre, nous profitons des cuisines communes pour manger sur place, et retrouvons le plaisir – ou la charge – de réfléchir au repas et faire les courses au supermarché.

Le dimanche, nous prenons le ferry pour Manly, un quartier de Sydney réputé pour sa plage. Le ferry nous fait traverser toute la baie de Sydney, et sur place, nous nous promenons le long de la digue.

Incroyable, en deux jours seulement à Sydney, nous croisons des Français tous les 100 mètres. C’est le cas aussi du backpacker, où ils sont également très nombreux à chercher un travail ou déjà actifs mais sont toujours ici depuis plusieurs mois, ou encore débutent leur voyage et cherchent à acheter un van. On se demande un peu comment certains, qui espèrent améliorer leur anglais, vont pouvoir réellement atteindre leur but puisqu’on ne fait que croiser des Français en permanence…

Le lundi matin, 9h, Elodie se rend à l’ouverture au consulat pour son passeport. Là, elle apprend qu’il lui faut fournir des papiers pour justifier son domicile – qu’elle n’a pas puisque pour cela, il faudrait réveiller les parents de François au milieu de la nuit en France (scans papiers d’identités, factures edf, lettre de déclaration sur l’honneur d’hébergement) …  En attendant, Elodie fait faire des photos pour le nouveau passeport. Deuxième tentative dans la matinée, pour espérer obtenir un passeport d’urgence, mais on lui refuse. Finalement, avec François, nous courons dans un cybercafé, nous battons pour récupérer sur notre PC et en ligne, une fiche de paie et la taxe d’habitation qui sont à la bonne adresse. Nous achetons même une puce téléphonique australienne pour être joignables – qui finalement, s’avère inutile, notre iphone français restant bloqué… Et nous repassons avant la fermeture du consulat (13h00 !), pour déposer le dossier de demande avec les justificatifs trouvés.

Ouf, le dossier est accepté – car nous partons à Melbourne le soir même, et ne repassons pas à Sydney les jours de la semaine. Bien évidemment, on ne peut pas nous garantir que le passeport sera prêt en temps et en heure, c’est-à-dire 1 mois pile avant notre départ pour la Nouvelle-Zélande, malgré un courrier expliquant notre situation… « Peut-être que vous devriez finalement le faire refaire en Nouvelle-Zélande ? ». Il faut ainsi leur répondre que nous n’y serons que 2 semaines, et que le matin, même, la même personne nous a mis en garde sur les douanes néo-zélandaises, très sensibles à l’état des passeports… Nous adorons l’administration française, très pragmatique, pour déplacer un problème ou en cette période de rugby, pour passer la patate chaude au copain…

Autre nouvelle très réjouissante, Elodie devra revenir pour la prise d’empreintes, qui ne peut pas se faire le jour même au moment du dépôt du dossier… C’est tellement pratique !!! « Vous comprenez, on est un peu débordés en ce moment…  il y a au moins 2 semaines d’attente, on vous contactera pour le rendez-vous… ». Il faut aussi savoir qu’à partir des empreintes, l’administration conservera l’ancien passeport, mais n’est pas sûr qu’une photocopie du passeport suffise pour prendre l’avion en vol intérieur. « Vous n’avez qu’à appeler Quantas… ». Et si on leur demande de faire une copie et de la certifier conforme, bien sûr, cela n’est pas possible.

Inutile de vous dire que nous quittons le consulat à 13h dans un état de fort énervement, et très impuissants face à une administration allergique à toute notion d’efficience et qui ne fait rien pour servir le citoyen !

L’après-midi, nous jetons un œil à l’exposition «précaire » du musée d’art contemporain en travaux dans le quartier des Rocks, puis profitions plus largement de la NSW Gallery, beaucoup plus généreuse. La fin de journée s’achève, nous récupérons les sacs pour prendre le bus de nuit pour Melbourne.

Après 4 jours sur Melbourne et ses environs, nous sommes de retour à Sydney pour le week-end. Au programme le samedi, balade au musée maritime, puis tour de bateau jet dans la baie de Sydney, qui nous a été offert par des amies d’Elodie ! Musique à fond et nous sommes un peu mouillés malgré le poncho fourni !

Samedi soir, nous nous concoctons un diner vin-fromage-charcuterie au backpacker avant de tester un bar branché de Kings Cross, ou nous rentrons après un petit effort d’habillement (et oui ce n’est pas possible de rentrer en tongs dans les bars branchouilles). Les australiennes, hypra-maquillées, sont bien évidemment très court vêtues de robes sophistiquées et perchées sur de haut talons.

Dimanche, nous adoptons le rythme local : après-midi à la plage très fréquentée de Bondi. Les australiens se baladent torse nu pour prendre le soleil, et il n’est pas rare de croiser dans le bus retour vers le centre-ville des filles en haut de bikini, pieds nus. Le soir, nous assistons à la finale de la coupe du monde de rugby à Darling Harbour, où le match est retransmis sur grand écran. Après la défaite, nous nous consolons avec le feu d’artifice, et un dernier coup d’œil à l’opéra de nuit avant de rentrer. 

Pour celles et ceux qui se seraient inquiétés pour notre banderole du départ, sachez qu'elle a pour le moment échappé aux divers tri du contenu du sac à dos ! La preuve :

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