Avertissement !!!
Malgré un choix de photos édulcoré dans cet article, nous déconseillons sa lecture aux enfants et aux personnes sensibles, notamment concernant le traitement des animaux ! vous nous comprendrez ensuite !
Nos premiers pas en Indonésie se font à Makassar, en Sulawesi. Une immense île au nord de Florès et à l’est de Bornéo. Makassar, obtient la palme de la ville la plus inintéressante de notre tour du monde, c’est dire ! Alors elle ne méritera pas un article ! Nous partons le lendemain soir de notre arrivée en bus de nuit pour Rantepao, au cœur du pays Tana Toraja.
Fatigués de notre nuit, nous partons tranquillement explorer en bémo, le taxi collectif local, les villages du sud : Lemo et Londa. La particularité de la région est que les habitants sont historiquement animistes. Mais lors de la colonisation néerlandaise, les conversions au christianisme ont été nombreuses et font encore foi ici. Aujourd’hui, les églises sont pleines, mais les cérémonies de funérailles restent traditionnelles.
Historiquement, les habitants emmenaient avec eux leurs biens dans leurs cercueils, qui étaient simplement déposés dans des grottes ou dans des niches de falaises. Les pillages faisant rage, ils ont ensuite décidé de les suspendre. La tradition veut que la famille fasse réaliser une poupée de bois, une "tau tau", à l’effigie du défunt. Il y a différents cercueils, certains familiaux, d’autres pour les célibataires, les femmes non mariées ayant droit à un cercueil à l’image du cochon !
les tau tau
Les grottes funéraires sont extrêmement impressionnantes, on se croirait dans un vieil Indiana Jones, ou dans un Pirate des Caraïbes : il faut rentrer à l’aide d’une torche et explorer les galeries tortueuses où s’entremêlent cercueils plus ou moins anciens – certains auraient 600 ans ! - et donc parfois ouverts, avec tas de cranes et os empilés. D’ailleurs, malgré l’instant « détente » ou des indonésiens veulent absolument se faire prendre en photo avec nous devant les cercueils… Elo se sent vite oppressée et laissera François aller seul tel un aventurier explorer la deuxième galerie !
Nous qui incinérons ou mettons en terre nos morts, nous ne sommes jamais confrontés à l’état final des corps. D’une certaine manière, nous les dissimulons, ici, ils restent en surface, visibles, et l’on peut voir après quelques temps les restes du défunt… C’est assez perturbant ! Certains continuent cette pratique, d’autres préfèrent le caveau bétonné pour éviter les intrusions !
Le deuxième jour, nous visitons le marché hebdomadaire au nord de la ville. En plus des traditionnels étals de légumes – peu de fruits – et de café, c’est le grand rassemblement de la région, tous les vendeurs de buffles sont présents, et montrent leurs bêtes fièrement ! Une bête se monnaierait autour de 3 000 €, mais cela pourrait atteindre 8 000 € pour les plus convoités, les buffles albinos ! Les cochons ne sont pas en reste et certains sont directement chargés à l’arrière des scooters sur leur lit de bambou. Les transactions sont nombreuses, nous verrons pourquoi par la suite !
L’après-midi, nous prenons un bémo, bus collectif absolument sur-optimisé pour rejoindre un village dans les montagnes, Battutumonga ! Une heure de grimpe en première, le bus roule parfois sur seulement deux fines bandes de béton au bord du ravin ! L’après-midi, c’est redescente vers la vallée sur une petite route, entre les terrasses de riz et les maisons. Les habitants nous saluent et nous demandent continuellement où nous allons, impossible de nous égarer ! Nous rentrons au village en bémo 4*4, puis dinons dans un restaurant du village, repère des guides locaux, qui fredonnent aussi bien les tubes des Beatles que « gentille alouette » accompagnés d’une guitare !
Après ces deux jours, nous avons l’impression d’être dans un pays cousin du Far West !!!! Mais ce n’est pas terminé, voici la suite…
Avec d’autres jeunes de la guesthouse, 3 Allemands et un couple Polonais-Brésilien, nous nous sommes regroupés pour partir pour la journée afin d’assister à une célébration funéraire. Mais notre guide, Saba, la cinquantaine, connait bien son monde et nous emmène en plus le matin à une cérémonie d’une maison communautaire, ce qui arrive apparemment assez rarement, les maisons communautaires étant construites tous les 30 ans.
Lors de cette célébration, toute la famille, ou communauté, se réunit, et sacrifie un grand nombre de cochons, et parfois de buffles. A notre arrivée, nous avons suivi un sentier dans la colline qui nous a amené jusqu’à la maison et au lieu de célébration. Tout du long, nous zigzaguons entre des dizaines de cochons à différents stades : vivants, criants, sanguinolents, en train d’être nettoyés au chalumeau, puis vidés et dépecés… Une sorte d’abattoir géant s’ouvre devant nos yeux, et nos sentiments se bousculent entre un étonnant mélange de dégout, d’incompréhension, d’étonnement et de fascination.
le chemin d'arrivée, un p'tit coup de chalumeau
On nous invite à nous asseoir dans les baraquements en bambou construits pour l’occasion et on nous offre du pudding de riz. Le chef de la communauté nous remercie de notre présence et nous lui offrons en retour une cartouche de cigarette, très prisée ici !!!
Complètement hallucinés par cette première expérience, nous nous rendons à la cérémonie de funérailles. Les personnes présentes sont majoritairement habillées de noir – enfin, un code que nous connaissons – et nous voyons quelques cochons vivants et harnachés de bambou ici et là, nous savons désormais à quoi ils vont servir.
Une personne de la famille nous accueille et nous installe dans un des nombreux préaux de bambou, spécialement construits pour l’occasion. Première surprise, la famille a l’air vraiment honorée de notre présence – et nous ne sommes pas les seuls touristes ce jour, avec notre offrande de cigarettes ! – et nous questionne, se prend en photo avec nous, avant de nous offrir café et biscuits.
Puis, des processions ont lieu, avec des offrandes, notre guide nous conduit dans les arrières pour visiter les « cuisines », où l’on nous fait goutter la spécialité du coin, du porc cuisiné dans le bambou.
Vers midi, nous nous rapprochons de la maison communautaire : les cercueils de l’arrière-grand-père, mort il y a un an et de son petit-fils, décédé il y a deux mois, sont sortis sur un préau. Deuxième surprise, notre guide nous explique que les corps sont conservés jusqu’aux funérailles dans les maisons communautaires, pendant parfois un an ! Les femmes pleurent à chaude larmes, c’est assez poignant : le guide nous explique que même si les deux personnes sont décédées depuis longtemps, c’est à ce moment que leurs âmes vont quitter le corps, d’où la grande tristesse des familles.
Mais les Torajas croient en l’au-delà, certains encore aux esprits et donc à la réincarnation. Il faut donc accompagner ce passage par le décès d’animaux. Historiquement, certains sacrifient jusqu’à 24 buffles, mais nous auront le droit – fort heureusement ! – à un seul animal !
Le buffle est sacrifié d’un grand coup de machette dans la trachée. L’animal tombe très vite à terre et son corps se vide de son sang d’un jet vif et important. Très vite, une grande mare de sang coagule et l’animal succombe. C’est un moment dur à regarder et le buffle, absolument stoïque et silencieux est très majestueux.
Trois quart d’heures plus tard, après le déjeuner, l’animal a déjà été découpé et distribué, il n’en reste presque plus rien, la peau attend dans un coin sous le regard des enfants. C’est désormais au tour des cochons, mais cette fois ci, cela se fera plus discrètement.
la peau du buffle
En fin d’après-midi, nous faisons un dernier arrêt dans un ancien village, où notre guide nous apprendra parmi d’autres pratiques, celle, à la naissance d’un enfant, d’enterrer sous la maison familiale le placenta, avec un cahier et un stylo, afin de lui assurer un bon avenir…
maisons traditionnelles et machoires de buffles
Après le troisième jour, nous avons l’impression d’être dans une autre dimension !!! Comme l’a dit notre comparse de voyage brésilien : « On se croirait dans un reportage pour National Geographic ! »
Alors, hors "âmes sensibles", on ne saurait que vous conseiller chaudement le visionnage de l'album !
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